Chronique de Ramadan : nos mères spirituelles

 


Lorsqu'on évoque le harem qui regroupe les femmes du Prophète (P. et S. soient sur lui), plusieurs interrogations viennent à l'esprit et méritent des explications pour ceux qui veulent en connaître les fondements juridiques et religieux ou pour répondre aux allégations des esprits malintentionnés.  

 

La première interrogation qui vient à l'esprit est que pourquoi le Prophète (P. et S. soient sur lui) a un nombre de femmes qui dépasse et de loin le nombre autorisé aux musulmans combien même d'aucuns trouvent de nos jours la polygamie une pratique dépassée.

 

L'amour des femmes

Entre les femmes et le Prophète (P. et S. sur lui) il y a une relation particulière. Lui-même a confié que dans la vie d'ici-bas, il cultivait un amour pour les femmes, le parfum et la prière, trois éléments en relation avec l'adoration et la contemplation qui constituent sa force et sa particularité.

 

De plus, le Prophète (P. et S. sur lui) est doté d'une constitution physique dix fois supérieure à celle d'un homme normal. En lui, se rencontrent la force physique et la force morale. Il a été ainsi préparé  pour recevoir la sakina, forme de concentration exceptionnelle, qui pèse sur son corps lors la Révélation. Lorsque l'Ange Gabriel vient à sa rencontre, il l'enveloppe de son poids avant de lui communiquer les versets. Les compagnons remarquaient les traits de la sakina sur son corps et son visage suant de chaleur.

 

Sidna Daoud

Il partage avec le prophète Daoud l'amour d'adoration et la pratique du jeûne durant les mois de l'année, en jeûnant les trois jours de pleine lune, le lundi et le jeudi, six jours de Choual, deux jours de Achoura, dix jours avant l'AID du sacrifice et la moitié de Chaâbane. Lorsqu'on sait que la prière, la lecture du Coran et le jeûne bien accomplis avec une tradition alimentaire bien étudiée, l'on comprend sa santé physique et morale, ce qui lui permet d'avoir un désir charnel très fort couplé de la maîtrise de soi sans faille. A la différence de Sidna Daoud, qui a le record humain jamais égalé dans la jouissance permise, notre Prophète avait recouru à la polygamie en plus de ce droit et devoir envers les femmes, pour un autre objectif: la contribution des femmes aux causes nobles. Il est aussi un combattant hors pair en se mêlant aux côtés des compagnons dans de nombreuses batailles dont Badr et Ouhoud, où il fut blessé. Malgré l'âge, le Prophète avait continué à entretenir convenablement ses femmes, dont celles moins âgées que lui. La Sunna parle de tout, y compris de l'éducation sexuelle avec les propos décents comme l'attestent les hadiths notamment de Aïcha sur les pratiques et rapport sexuels.  


De plus, il a recouru à des fortifiants naturels comme le miel et des fruits et plants connus pour leur apport nutritif.

 

Les qualités morales et physiques: 

Ceci appelle des observations.

 

1-                   Il a le don de maîtriser sa ferveur en cultivant la pureté et pudeur à la perfection. Il n'a utilisé cette capacité sexuelle que dans les limites de la religion en donnant l'exemple de conduite et de patience. Dotation exceptionnelle d'un côté, force parfaite de caractère de l'autre. 

 

2-                   Malgré cela, le Prophète (P. et S. sur lui) était resté monogame jusqu'à la mort de sa première femme Khadidja, alors qu'il avait 53 ans. Cette dame lui a donné beaucoup et en retour il lui a rendu la pareille malgré la différence d'âge qui les sépare. Il était moins âgé qu'elle de 15 ans.

 

3-                   Le Prophète (P. S. sur lui) n'a commencé à être polygame qu'après la mort de Khadjidja. De plus, il se mariait sur ordre de Dieu et non comme l'avancent certains auteurs, par tradition assez fréquente dans la presqu'île arabique.

 

4-                   Le nombre et la qualité des femmes formant le harem est arrêté dans un appel lancé au Prophète dans sourate El-Ahzeb (V. 50-51). Il s'agit de femmes demandées, de femmes captives, de cousines ayant émigrées avec lui et de femmes croyantes s'étant proposées d'elles mêmes. Le Prophète avait gardé jalousement son harem en étant juste et équitable envers elle. neuf épouses sur onze lui ont survécu : Aïcha, fille de Abi Bakr, Hafsa, fille de Omar,  Oum Habiba, fille de Ai Sofiane, Saouda, koraichite, Oum Salama, koraichite, Zineb, cousine, Jouaïria (captive païenne ayant embrassé l'Islam), Safia (juive convertie) et Mimouna, et deux concubines: Raïhana (d'origine juive convertie) et Maria (copte converti) qui donna Ibrahim, mort prématurément. Deux sont mortes avant lui Khadidja et Zineb bint Khouzaima, autre que la première.

 

5-                   Les épouses du Prophète sont les mères des croyants selon l'expression coranique. En tant que telles, elles sont tenues par un engagement envers Dieu et des conduites strictes à adopter (Voir appel aux épouses du Prophète contenant les recommandations à observer dans sourate El Ahzeb). Elles constituent ainsi un guide spirituel et les musulmans leur doivent respect et considération. Certaines d'elles qui survécurent jusqu'à plus d'un demi-siècle après lui, s'étaient mobilisées entièrement pour la cause de l'Islam et la propagation des valeurs de la nouvelle religion, en jouant un rôle important y compris dans les grandes questions de gestion des affaires musulmanes au grand dépit des puritains qui veulent cloisonner le role des femmes exclusivement au foyer.


L'on doit citer Aïcha pour le Hadith, Hafsa pour le Coran, Oum Habiba, sœur et néanmoins conseillère discrète du calife Mouaäouia en le rejoignant à Damas pour la politique, Oum Salama, qui écrivait des poèmes et Jouaïria, très estimée dans les tribus arabes, en dehors de Koraïch, sur le plan social et culturel. Maria, la belle copte, Safia et Raïhana, juives converties, sont un trait d'union avec les Gens du Livre.  Leurs maisons étaient, en vérité, des universités ouvertes et de grands centres de bienfaisance. A titre d'exemple, à elle seule, Aîcha avait jusqu'à mille personnes à son service lorsqu'elle se déplaçait. Les savants du monde entier en quête de connaissance sur la Sunna, ainsi que les femmes et les démunis y trouvèrent bon accueil, notamment pendant les périodes de pèlerinages. Elles ont donné à l'Islam autant que les compagnons rapprochés, sinon plus. Sous leurs yeux, l'Islam s'était propagé en profondeur comme l'avait prédit le Prophète (P. et S. sur lui) d'est en ouest et du sud au nord. Que Dieu les agrée toutes!  

 

Smaïl BOUDECHICHE

 
Chronique publiée dans le Journal Liberte (Ramadhan 2021)

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